C’est vrai que dans notre vie nous cherchons pour la plupart d’entre nous à être des personnes honnêtes. Parfois un pieu mensonge nous échappe pour protéger notre ego d’une rebuffade désagréable qu’un tiers pourrait nous faire vivre.
Mais là n’est pas mon propos.
Tous les jours je reçois des personnes qui souffrent de divers maux. Elles viennent me voir pour que je les aide à se débarrasser de leurs inconfort ou douleurs. Obtenir du mieux être .
Je suis thérapeute. Ces personnes ont mal. Je propose un plan de traitement. Le rapport semble sain. Je vais travailler, les faire travailler et tout rentrera dans l’ordre.
Y croyez-vous vraiment ?
C’est un deal qui fonctionne effectivement relativement bien face à un problème ponctuel, limité dans le temps et dans l’espace. Dans mon métier, la probabilité de correction d’une entorse est grande, tout comme celle de la consolidation d’un os après fracture.
Mais laissons là ce qui touche à la traumatologie.
Le problème se corse quand il s’agit de rhumatologie. Les douleurs sont liées à des adaptations qu’inconsciemment nous avons demandé à notre corps pour continuer à fonctionner.
Il me faut essayer de comprendre pourquoi le corps en est arrivé là, par quels chemins il s’est tortillé, quelles mobilités essentielles il a dû saboter ou amputer pour continuer à fonctionner alors que son propriétaire n’a pas tenu compte de ses difficultés.
Seule ma capacité à comprendre la voie du « pourquoi ces tensions et ces blocages » peut me permettre d’inviter le corps et son propriétaire à voir les choses autrement.
Et c’est là que les mensonges commencent.
Mes patients veulent aller mieux. C’est leur cap, leur objectif. Ils viennent me demander de l’aide et je suis motivée pour leur en donner.
J’ai la chance d’avoir des patients motivés et agréables. Je travaille avec eux en binôme et en toute confiance. Je leur donne des exercices à faire à la maison pour compléter mes soins. Ils sont assidus dans leur pratique même si ce n’est pas évident de prendre en main son travail corporel.
Tout est parfait dans le meilleur des mondes pensez-vous et cet article est stérile.
Pas vraiment en fait. Car dans la plupart des cas, leurs bonnes résolutions s’arrêtent net si un élément de leur quotidien prend une tournure désagréable.
Je n’ai pas pu faire mes exercices cette semaine car j’ai eu des soucis au travail
Je n’ai pas pu me concentrer sur mon programme de soin parce que mes enfants étaient à la maison cette semaine
Ce sont de bonnes raisons. Mais c’est surtout une belle manière de se détourner de son cap sans culpabiliser.
C’est une belle manière de se mentir à soi-même en se laissant croire que l’on continue à faire tout ce qui est bon pour soi mais que parfois il y a d’autres priorités.
Et ça, c’est la plus grande cause d’échec.
Regardons un peu au fond de nous et laissons un peu mes patients douloureux tranquilles.
N’avons nous pas trop souvent tendance à orienter nos choix d’actions non pas vers l’obtention des résultats que nous souhaitons mais vers quelque chose qui semble plus confortable pour nous dans l’instant ?
Si j’ai un travail à terminer et que cela me tient à cœur pourquoi me voila en train de répondre au téléphone au lieu de bosser? Je réponds en me mentant à moi-même que je risque de perdre un appel important.
Qu’y a-t-il de plus important que ce travail que je dois terminer parce que c’est mon choix? N’y a-t-il pas la possibilité de gérer l’information véhiculée par cet appel téléphonique plus tard?
Tant que nous laissons les événements de notre vie diriger nos actions comme un tapis roulant dirige la cadence de nos pas nous nous mentirons sur notre réelle volonté de nous faire du bien, de progresser, de nous améliorer, de réussir notre vie.
Arrêter de se mentir à soi même c’est orienter toutes nos actions vers l’obtention du résultat que nous souhaitons obtenir, quelque soit ce qui apparaît dans notre environnement.
Par exemple, si mon cap est d’améliorer mes douleurs, je ne laisse pas passer une journée sans faire mes exercices.
Si mon cap est d’avoir beaucoup d’énergie à transmettre à mes patients, je me couche tôt et je ne laisse pas mes yeux me commander d’avaler ce beau gâteau au chocolat plein de sucre qui me mettra chaos dès que ma glycémie aura découvert ce que je viens de faire, même si je suis invitée et que paraît il « ça ne se fait pas »!!! Peut-être mais c’est ma vie et ma santé qui sont en jeux !
Si mon cap est d’avoir de bonnes relations, je ne cède pas à oublier de sourire, d’écouter l’autre, et de lui offrir un mot gentil même si je ne connais pas cette personne ou qu’elle aurait tendance à m’agacer.
Si mon cap est de finir un travail avant ce soir, je ne fais rien d’autre que ça tant que ce n’est pas terminé et j’invite les personnes qui viennent me demander quelque chose à revenir vers moi à une heure précise.
C’est à dire que je décide de me respecter. J’arrête de me mentir en me trouvant des excuses et je me respecte en me donnant enfin la possibilité de réussir ce que j’ai décidé d’entreprendre.
En faisant cela, vous découvrirez le sentiment de satisfaction de soi, vous gagnerez en estime personnelle, vous arrêterez de croire que vous n’êtes vraiment capable de rien de grand et peut-être arriverez vous à vous aimer davantage. Un bon moyen de rester en bonne santé physique et émotionnelle !